La France est-elle à même de légiférer sur la liberté du web alors que, parallèlement, notre pays est à la pointe des technologies de surveillance des populations, largement exportées à travers le monde ? That is the question…
Les équipes de WikiLeaks, reflets.info, OWNI ou encore des bloggeurs comme Bluetouff diffusent régulièrement des documents illustrant la très bonne santé économique de certaines sociétés françaises, spécialisées dans le développement et la commercialisation de solutions informatiques permettant de surveiller en profondeur les activités numériques d’une population entière.
Autrefois, la technique permettait de mettre une personne ciblée sur écoute. Aujourd’hui, la technologie permet de surveiller un pays entier : plus besoin d’opérateurs pour écouter les transmissions, les logiciels actuels peuvent enregistrer, comprendre, analyser, trier et restituer les conversations téléphoniques, les SMS, les mails, les messageries instantanées, etc.
Ces solutions d’espionnage intérieur sont fournies à des Etats dont la légitimité démocratique reste à démontrer, c’est le moins que l’on puisse dire. L’exemple le plus tonitruant est encore celui de la société française Amesys, fournissant à la Lybie de M. Kadhafi son fameux système EAGLE, qui a largement servi à réprimer les opposants. Mais on retrouve aussi ces outils entre les mains de dirigeants de nombreux pays, notamment en Afrique et au Moyen-Orient : Syrie, Qatar, Gabon, Maroc, etc.
Mais que fait le gouvernement ?
Il faut bien comprendre que ce commerce juteux se fait au grand jour, au vu et au su de tous. Dès lors, pourquoi le(s) gouvernement(s) ne s’insurge-t-il pas contre la destination malsaine de ces produits ? Tout simplement parce que ce commerce est étroitement lié avec la position du Ministère des Affaires étrangères… C’est tout le cynisme de la real politik. L’histoire des relations internationales de la France combinée avec une réelle supériorité technologique en matière de surveillance numérique participent fortement à une implantation de notre pays à travers le monde, dans le but de défendre au mieux nos intérêts nationaux. Mais à quel prix ? Celui d’un soutien discret à des pouvoirs autoritaires.
Parallèlement, les mass media de l’hexagone se font très peu l’écho de ces habitudes politico-économiques. En revanche, des images du Président français qui sauve la Lybie de son dictateur dans un retournement de veste éclair, on en a vu passer quelques heures…
Panoptinet critique souvent des services tels que Facebook ou Google, qui ne cachent pas leur appétit pour les informations personnelles. Au moins ces plateformes web sont assez claires à ce sujet (oui, bon, presque), et offrent un service en contrepartie ! Mais il s’agit là du « pays des droits de l’homme » qui conforte son influence auprès de pays stratégiques et de régimes autoritaires, souvent issus d’ailleurs des anciennes colonies ou protectorats. Sauf que le peuple français n’ait son mot à dire.
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Source : lexpress.fr
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