L‘IEEE vient d’annoncer l’arrivée de la norme Wi-Fi 802.22, capable de couvrir des distances surprenantes : plus de 3000 hectares ! Soit peu ou prou la taille de la Bretagne. Comment ce nouveau standard fonctionne, à quoi servirait-il, et quels sont les risques ?
Cette nouvelle risque d’irriter ceux qui militent pour un monde sans ondes électro-magnétiques : L’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), qui joue un rôle important dans l’établissement de normes, notamment en ce qui concerne les normes de technologies sans fil (802), annonce cet été la naissance d’un nouveau standard Wi-Fi : le 802.22, capable de couvrir 12000 miles² (soit environ 31000 m²) ! En pratique, une couverture sur une centaine de kilomètres serait déjà une belle prouesse. Pour mémoire, nos box actuelles émettent en théorie sur une portée de 100m environ (sans obstacles).
Comment un réseau Wi-Fi peut-il avoir une telle portée ?
En utilisant les canaux VHF et UHF non-utilisés par les transmissions TV. Cette technologie permettrait d’établir de nouveaux types de réseaux, déjà appelés « WRAN » pour Wireless Regional Area Networks, et donc d’apporter une connexion Internet dans des régions reculées, faiblement peuplées.
Concrètement, l’utilisateur lambda disposera chez lui d’une box ou d’un routeur qui se connectera en Wi-Fi à une antenne relais spécifique. Si cet utilisateur travaille dans le même secteur géographique, il pourra se connecter au même réseau Wi-Fi au bureau et à la maison !
Néanmoins la puissance d’émission est encore floue, notamment pour l’upload (envoi d’un mail par exemple), et les statistiques de déperdition en fonction de la distance ne sont pas encore connues.
Le 802.22 demain en France ?
Rien n’est à exclure, mais la France reste un « petit » pays, plutôt bien desservi en matière de réseaux. Certains territoires restent cependant enclavés et ne disposent pas vraiment de solutions pour se connecter au web, mis à part le satellite et ses inconvénients (prix, installation, débit, latence). L’utilisation du Wi-Fi 802.22 serait donc peut-être plus pertinente sur des territoires désertiques, comme on peut en voir aux USA, en Australie, en Russie, etc. Aucune implantation n’est encore décidée, affaire à suivre donc !
Quels sont les risques du Wi-Fi 802.22 ?
Si les risques de cancer attribués aux ondes électro-magnétiques (Wi-Fi, antennes relais, téléphones sans fil et mobiles, etc.) sont avérés, il est clair que ce nouveau dispositif n’arrangera en rien la situation actuelle.
Mais la question des risques se pose aussi pour le piratage : le Wi-Fi est un type de connexion pratique, mais peu sécurisé. Il peut être très facile de se connecter sur la box d’un particulier, sans être détecté, pour « squatter » gratuitement une connexion ou subtiliser des données personnelles (mails, identifiants, documents, etc.). Même si les futurs réseaux Wi-Fi régionaux seront probablement protégés, ils ne le seront jamais assez, devenant ainsi comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des abonnés. D’autant qu’un pirate « wardriver » sera probablement très intéressé par ce genre de réseau : en crackant une seule connexion, il pourra accéder aux données de plusieurs foyers à la fois, tout en restant caché à bonne distance !
Enfin, d’un point de vue juridique, ce problème de partage d’une seule et même connexion pose aussi question : comment identifier précisément l’abonné qui utilise sa connexion à des fins illégales (téléchargement P2P, visite de sites pédopornographiques, etc.) ?
Bref, la norme Wi-Fi 802.22 n’existe aujourd’hui que d’un point de vue théorique et technique. Reste à étudier dans quelles conditions elle pourra être déployée. Comptez sur Panoptinet pour suivre l’affaire !
Source : tekgoblin
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By Jon Rawlinson (The Long Road Ahead) [CC-BY-2.0], via Wikimedia Commons
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