Le Parlement européen souhaite imposer l'installation d'eCall, un appareil capable de joindre tout seul les services de secours en cas de besoin, sur tous les véhicules neufs, à partir de 2015. Le dispositif sera capable de transmettre toutes sortes de données. Y compris les plus personnelles ? C'est ce qu'un eurodéputé redoute…
Les gabarits des voitures vont devoir être revus à la hausse si les pouvoirs publics continuent de nous imposer toujours un peu plus d'accessoires : il y a plusieurs années, les automobilistes ont du acheter gilets jaunes et triangles rouges. Aujourd'hui, la boîte à gant doit renfermer un éthylotest. Et demain, un dispositif d'appel automatique des urgences (eCall) en cas d'accident !
Fonctionnel depuis 2005, prévu pour 2009, il a fallu plus de temps que prévu pour mettre d'accord les Etats-membres, les constructeurs automobiles, et les opérateurs : eCall devrait équiper tous les véhicules neufs en 2015. Sa valeur d'achat est estimée à environ 100€, mais l'appareil devrait sauver 2500 vies par an en Europe (nombre d'accidents mortels liés à une arrivée tardive des secours).
Comment eCall fonctionne ?
En cas d'accident, eCall détecte une anomalie et compose directement, par satellite ou GSM. le numéro de téléphone du central européen (112), qui enverra alors sur place l'équipe médicale la plus proche : sont transmises toutes les informations de base, comme notamment le lieu précis du crash (sens de la circulation par exemple). Le dispositif contourne les problèmes liés à la barrière de la langue : un blessé allemand n'aura pas besoin d’expliquer en anglais à un standardiste espagnol qu’il est dans le pétrin. Et tout ça gratuitement !
eCall sera-t-il capable de transmettre d'autres informations ?
Si eCall permet de sauver 2500 vies par an en communiquant gratuitement les coordonnées des voitures accidentées, l'objectif est louable ! Mais souvenez-vous, "Si vous ne payez pas un service, c'est que vous n'êtes pas le consommateur, vous êtes le produit vendu" (Andrew Lewis). Techniquement, eCall est en effet ni plus ni moins qu'un "tracker" embarqué. Dès lors, qu'est-ce qui pourrait empêcher les exploitants d'eCall de relever des informations relevant de la vie privée, et de les commercialiser ?
C'est en tout cas la crainte de Keith Taylor, un eurodéputé britannique, membre de la commission Transport et Tourisme à l’origine de ce projet : en effet, il estime que eCall est tout à fait capable de monitorer (surveiller) nos trajets automobiles, de proposer des tarifs de péage par rapport aux kilomètres effectués, d'encaisser automatiquement les passages au péage, de contrôler en temps réel le respect des limites de vitesse, etc.
Le Parlement prévoit tout de même certaines dispositions dans la rubrique "Données personnelles" :
eCall (…) doit rester un système dormant. (…) [son] objectif premier est d’améliorer la gestion des incidents et les renseignements fournis par ce service ne peuvent en aucun cas être utilisés pour étudier les déplacements d’une personne ou la localiser à moins que cette personne ne soit impliquée dans un accident.
Entre les débouchés commerciaux potentiels et les hackers de dispositifs de communication, reste à savoir comment l'avenir gèrera l'ouverture de cette petite boîte de Pandore…
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Source : slate.fr
Image : Flickr / POPOEVER / CC BY-NC-ND 2.0