Alors que l'envoi de mails HADOPI à destination des "pirates" semble s'intensifier, la Haute Autorité prépare actuellement le lancement de son moteur de recherche, dédié au référencement d'œuvres culturelles téléchargeables via l'offre légale. Mais qu'en est-il de la protection de l'internaute et de la sécurisation de son réseau pour échapper au risque de négligence caractérisée ?
Selon Numerama, les mails d'avertissement envoyés par Hadopi seraient de plus en plus nombreux, au vu de l'accroissement des témoignages d'internautes. Certains, considérés comme récidivistes, ont même déjà reçu deux messages. Or pour l'heure, il est impossible de contester l'accusation de piratage ou même d'avoir une copie du PV de constatation de l'infraction ! C'est la fameuse polémique sur l'adresse IP : cette adresse utilisée pour confondre un acte de piratage avec un abonné Internet est-elle une donnée personnelle ou pas ? La réponse semble très floue pour les administrateurs de la HADOPI…
Autre actualité du moment, HADOPI travaille sur le lancement prochain d'un moteur de recherche qui rassemblerait l'ensemble des références proposées sur les plateformes d'offre légale, en cours de labellisation. En résumé, un dispositif d'indexation de toutes les musiques et vidéos disponibles parmi les fournisseurs officiels. De quoi accompagner la relance économique de l'industrie culturelle, en berne nous dit-on, à cause du téléchargement illégal nous dit-on encore.
Volet "répression" ? En place. Volet "promotion de l'offre légale" ? En bonne voie également. Volet "sécurité de l'abonné Internet contre le piratage de sa connexion" ? Néant. Dans les faits, cela signifie que des abonnés innocents peuvent être accusés de piratage, ou à défaut de négligence caractérisée, parce qu'ils n'auraient pas suffisamment protégé leur réseau Wi-Fi. Pourquoi la HADOPI n'incite-t-elle pas réellement à sécuriser nos connexions ? Pourquoi la HADOPI n'oriente pas les internautes vers des solutions de sécurité approuvées ? Pourquoi l'action de la HADOPI est-elle uniquement concentrée sur les pirates et les distributeurs culturels, en feignant de ne pas remarquer une très grande majorité d'internautes ?
Au lancement du projet, l'initiative HADOPI a eu le mérite de mettre en lumière les nombreux risques liés à une mauvaise sécurisation d'un accès Internet, même si elle ne se focalisait que sur le téléchargement illégal. Le plus dur était fait ! La Haute Autorité aurait pu prolonger cet axe et organiser de vraies campagnes de prévention. Alors que fin janvier, 51 % des internautes estimaient que HADOPI "ne sert que les intérêts particuliers de certains", 43 % qu'elle "n'aura pas de véritables effets sur la consommation illégale d'œuvres culturelles", et 41 % qu'elle "porte atteinte aux libertés individuelles", la Haute Autorité continue de soutenir un secteur d'activité, sans se soucier de sa légitimité ou d'une quelconque mission de service au citoyen. Ce dernier paie pourtant la facture (10,58 millions en 2010, 13,79 millions en 2011), et pour ce qui concerne la sécurisation de sa connexion Internet, il doit se débrouiller tout seul ! Ou avec Panoptinet, bien entendu !
Liens :
- Sécurisez votre box avec Achiwa
- L'Hadopi veut faire son moteur de recherche de musique et vidéos (Numerama)
- L'Hadopi à plein régime et en roue libre (Numerama)
- L’Hadopi veut empêcher par tous les moyens les recours des internautes [Preuve #2] (Korben)
- Le budget 2011 de l'Hadopi (PC Inpact)