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nov
06


Obama – Romney : une campagne dictée par le tracking web

Quand les campagnes politiques surpassent les méthodes marketingDernière ligne droite d'un très long show politico-médiatique : les américains votent aujourd'hui pour élire leur Président. Dès demain, le vainqueur et le vaincu devront ranger leurs ustensiles de campagne dans les cartons, et notamment leurs très nombreux outils de suivi web des internautes (tracking). Gros plan sur une pratique peu avouable de la campagne américaine 2012.

En 2008, les experts avaient salué la façon dont l'équipe de campagne de Barack Obama avait utilisé et intégré l'usage des réseaux sociaux pour susciter un maximum d'adhésion parmi les électeurs. En 2012, l'exploitation des réseaux sociaux est devenue classique, presque traditionnelle. Mais pour autant, les spin doctors (conseillers en marketing politique) n'ont pas fini de puiser dans les ressources infinies du web, et ont choisi cette année d'exploiter au maximum les capacités des solutions de tracking web.

C'est quoi le tracking web ?

Lorsqu'un internaute visite un site web, son comportement est plus ou moins surveillé, en fonction des dispositifs de tracking installés sur le site : nombre de connexions au site, temps de connexion, pages vues, adresses des sites précédents, navigateur utilisé, taille de l'écran, géolocalisation, pratiques web, usage des réseaux sociaux, etc.

Ces informations sont principalement gérées par de petits fichiers, appelés cookies. Ils sont enregistrés sur le PC de l'internaute, et fourmillent d'informations de navigation, utiles aux sites web qui les utilisent (statistiques de fréquentation), et aux régies publicitaires qui les étudient, et génèrent des affichages marketing personnalisés, ciblés (bandeaux, pop-up, pop-under).

Les sites Internet de Barack Obama et de Mitt Romney étaient truffés des derniers outils de tracking, et ont permis de déployer une campagne de marketing numérique jamais égalée dans une course à la Présidence.

Plus de tracking que sur les sites de e-commerce

Evidon, une société qui surveille les procédés de tracking (notamment via son outil de navigation Ghostery), a étudié le nombre de technologies de suivi des internautes hébergées sur les sites des candidats, au fil de la campagne :

 

  Mai Mai – Août Septembre
Site de B. Obama
53 160 76
Site de M. Romney
25 110 40

 

A titre de comparaison, le site de Barack Obama abritait en moyenne deux fois plus de technologies uniques de tracking qu'un site de e-commerce comme Best Buy (équivalent US de rueducommerce.com ou pixmania.com).

Cette stratégie de profilage a été couplée avec une campagne appuyée de e-mailing. Le New York Times rapporte ainsi qu’Amanda Orr, une électrice basée à Washington, a reçu un courriel de la campagne d’Obama mentionnant les noms de trois amis Facebook qui vivent en Caroline du Nord, la pressant de les inviter à voter pour le candidat.

La crainte du non-respect de la vie privée

En septembre, un sondage mené par le cabinet Toluna révèle qu'un peu plus de la moitié des électeurs potentiels n'étaient pas au courant de ces pratiques. Et 60% des sondés ont déclaré ne pas être à l'aise avec ces méthodes.

Le suivi webmarketing des internautes US n'est bien sûr pas directement géré par les équipes de campagne, mais est confié à des agences spécialisées dans le domaine du tracking. Il est donc à craindre que les informations obtenues pendant la course à la Présidence soit réutilisées par ces mêmes entreprises, dans le cadre d'autres opérations commerciales.

Officiellement, les deux candidats affirment respecter la vie privée de tous les américains :

Nous sommes déterminés à faire en sorte que tous nos efforts de sensibilisation des électeurs sont régis par les plus hautes normes éthiques.
Ryan Williams, un porte-parole de campagne de Mitt Romney.

Nous nous engageons à protéger la vie privée et avons des garanties solides pour protéger les renseignements personnels. Nous ne fournissons aucun renseignement personnel à des entités extérieures, et nous stipulent que les partenaires tiers ne peuvent pas utiliser les données recueillies sur le site à d’autres fins.
Adam Fetcher, un porte-parole de la campagne de Barack Obama.

Pourtant, Jonathan Mayer, étudiant diplômé en informatique et en droit à l’Université de Stanford, a affirmé sur son blog que les sites des deux candidats souffraient de fuites d'informations personnelles pouvant profiter aux entreprises tierces de tracking :

Les sites de campagne permettent-ils d’identifier leurs partisans à des outils tiers ? Sont-ils directement une atteinte aux propriétés d’anonymat qu’ils sont si prompts à invoquer ? Oui, ils le sont. [...] Je pense que pour les deux campagnes cette fuite a probablement eu lieu par inadvertance. Mais expliquer que ce suivi des données se fait de manière anonyme est tout simplement ignorer la réalité.

Cette facette de la campagne à l'élection présidentielle chiffonne les américains, pour qui la protection des données personnelles devient un réel sujet de société. En février dernier, l'administration Obama avait d'ailleurs présenté un texte de loi (Consumer Privacy Bill of Rights) pour fournir plus de garanties au consommateur. Barack Obama avait même déclaré dans un communiqué de presse : "Les consommateurs américains ne peuvent pas attendre plus longtemps pour des règles claires leur assurant que leurs informations personnelles en ligne sont en sécurité. [...] Alors que l’Internet évolue, la confiance des consommateurs est essentielle pour que la croissance de l’économie numérique continue. C’est pourquoi un projet de loi sur le droit de vie privée en ligne est si important".

Comme quoi, l'essentiel du combat reste à mener !

 

Source : geeksandcom.com

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