Sur la Toile, tout internaute peut devenir victime de cyber-harcèlement, une pratique qui fait vivre un véritable calvaire à ses victimes. Voici quelles en sont les différentes formes et les moyens de s’en protéger.
Les différentes formes de cyber-harcèlement
Le « happy slapping » ou vidéolynchage
Le happy slapping (ou vidéolynchage) consiste à photographier ou filmer l’agression physique d’un individu à l’aide d’un téléphone portable et à montrer à plusieurs personnes les images. Celles-ci peuvent être diffusées au moyen du téléphone ou encore sur le web (via Youtube par exemple).
Selon l’article 227-33-3 du Code Pénal, « le fait de filmer ou de photographier des actes de violence à titre privé et de les diffuser est une infraction qui peut être punie de 5 ans de prison et de 75 000 € d’amende ».
Les menaces
Les menaces, qui ont pour but de nuire au sentiment de sécurité de la victime, ont le plus souvent lieu sur les réseaux sociaux et par téléphone (appels ou SMS).
Selon l’article 222-17 du Code Pénal, « la menace de commettre un crime ou un délit contre les personnes dont la tentative est punissable est punie de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende lorsqu’elle est, soit réitérée, soit matérialisée par un écrit, une image ou tout autre objet. La peine est portée à trois ans d’emprisonnement et à 45000 euros d’amende s’il s’agit d’une menace de mort ».
La prise et la diffusion d’images indésirées
Up skirt (pratique de la « jupe levée »), photos prises à l’insu de la victime dans des lieux relevant du privé (cabine d’essayage, sanitaires, vestiaires,…) ou encore incitation à montrer des parties intimes de son corps, la prise et la diffusion d’images indésirées peut prendre différentes formes. Les photos (ou vidéos) peuvent ensuite être partagées par un petit groupe d’individus ou postées sur la Toile.
Selon l’article 226-1 du Code Pénal, « est puni jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende le fait de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui en fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de celle-ci, l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé ».
Le lynchage
Selon Catherine Blaya dans son livre Les ados dans le cyberespace, il s’agit de « l’envoi de messages hostiles, haineux, insultants qui ont pour objectif de discréditer une personne et de la faire exclure par les autres sur un forum, un blog, un réseau social, par SMS, e-mails,… ». Un lien peut être fait entre le lynchage et « la traque » qui est le fait de harceler une victime plusieurs fois par jour sur son téléphone portable. Il existe aussi une forme de « lynchage de groupe » appelée « trollage » qui consiste à empêcher le bon fonctionnement d’un forum de discussion.
Dans le cas d’un lynchage, si l’agresseur s’en tient à des insultes récurrentes, la révision de l’article 33 de la loi de 1881 punit d’une amende de 12 000 € tout injure publique (ce qui est le cas, par exemple, sur les forums).
L’usurpation d’identité
Utiliser l’identité d’une personne à son insu est monnaie courante sur des réseaux sociaux comme Facebook où il est facile d’ouvrir un compte sous un nom autre que le sien. Au delà de l’utilisation illicite du nom et prénom d’une victime, l’usurpation d’identité consiste à se servir de toute information permettant d’identifier un individu sans son consentement (adresse électronique, photos,…). Les objectifs de l’usurpation d’identité sont divers : discréditer une personne, nuire à sa réputation, la faire exclure des réseaux sociaux… Pour ce faire, il est même possible d’user frauduleusement du mot de passe de la victime.
Selon l’article 226-4-1 du Code Pénal, « le fait d’usurper l’identité d’un tiers ou de faire usage d’une ou plusieurs données de toute nature permettant de l’identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d’autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende. Cette infraction est punie des mêmes peines lorsqu’elle est commise sur un réseau de communication au public en ligne ».
La propagation de rumeurs
Depuis le lancement du site Ask.fm ou de l’application Rumr, de nombreux jeunes ont fait les frais de rumeurs à leur égard. Il arrive même que soient créés des sujets de discussion, des groupes ou des pages sur un réseau social visant à propager des mensonges à l’encontre d’un individu. Allant dans ce sens, le slut shaming (littéralement « faire honte aux salopes ») est une agression sexiste consistant à blâmer des filles dont l’allure générale ne correspond pas aux critères établis par un groupe de jeunes. Il s’agit d’inciter à la stigmatisation et au mépris de filles considérées comme « non-respectables ».
La loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, modifiée en son article 23 par la loi du 21 juin 2004, punit les infractions de diffamation et d’injure. Selon l’article 29, « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation ». L’article 23 précise que la loi s’applique pour toute diffamation faite notamment « par tout moyen de communication au public par voie électronique ». Enfin, l’article 32 punit la diffamation « d’une amende de 12000 euros ».
Comment réagir face au cyber-harcèlement ?
Recueillir des preuves
En cas de harcèlement sur les réseaux sociaux, forums ou blogs, n’hésitez pas à effectuer des captures d’écran qui serviront de preuves lors d’un dépôt de plainte (se référer aux lois énoncées précédemment). Pour rappel, un screenshot s’effectue en pressant <Impr. Ecran> ou <Impécr. Syst> sous Windows et Linux, et <pomme> + <shift> + 3 ou 4 sous Mac.
Rassemblez des éléments concrets comme les photos prises à votre insu, les SMS ou les e-mails le cas échéant.
Signaler les abus
La plupart des chats, plate-formes d’hébergement de vidéos, réseaux sociaux et forums proposent des options de signalement des contenus inappropriés ou des individus malveillants. Si votre demande de suppression n’est pas prise en compte, la responsabilité des sites peut être engagée en leur qualité d’hébergeur.
Chercher du soutien
Si la victime de cyber-harcèlement est mineure, en plus d’en parler à des proches ou à des personnes dignes de confiance, il est possible de contacter l’association e-enfance, qui recueille les plaintes et témoignages, au 0800 200 000 (numéro vert, appel anonyme et confidentiel, du lundi au vendredi de 9h à 19h).
Vous pouvez également vous connecter au site netecoute et y laisser un e-mail ou discuter avec un conseiller.
Source: article rédigé par y4n4udel (FB : Y4n4udel)
Image: Flickr / Christopher Leonard / CC BY-NC-SA 2.0
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