Selon la dernière enquête de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, les arnaques à la carte bancaire ont fortement progressé entre 2010 et 2012. En voici les chiffres clés.
La troisième enquête « Cadre de vie et sécurité » de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a été menée entre avril et juin 2013 auprès de 14 500 ménages (France métropolitaine). Selon ce rapport, « la proportion de ménages s’étant déclarés victimes de débits frauduleux sur leur compte bancaire augmente très significativement entre 2010 et 2012 » : de 500 000 en 2010, elle passe à 718 000 en 2012 (+43,6%).
Internet, le terrain de jeu idéal des fraudeurs
Les débits frauduleux s’élèvent en moyenne à 900€ (moins de 300€ pour la moitié des victimes, mais plus de 1000€ pour 20% d’entre elles). Et c’est surtout via Internet que la fraude progresse le plus (+37%).
Des données bancaires dérobées via Internet
60% des victimes ne savent pas comment les fraudeurs ont pu obtenir leurs coordonnées bancaires avant de les réutiliser illégitimement. En revanche, 15% des victimes déclarent que leurs données confidentielles ont été subtilisées lors d’achats ou de réservations sur Internet. Ce procédé serait donc plus courant que le vol d’informations bancaires lors d’un achat en magasin (6%), le phishing par courriel ou téléphone (3%), et l’obtention de données directement auprès des établissements bancaires (3%).
Achats frauduleux sur Internet
Dans 55% des cas, le fraudeur utilise les coordonnées bancaires subtilisées pour effectuer un achat sur Internet (plus de 1000€ dans 20% des cas !). Loin devant l’achat illégitime en magasin (13%) et le retrait frauduleux au distributeur automatique de billets (12%).
Quand le mal est fait…
C’est en général lorsque les victimes s’aperçoivent de la fraude que les ennuis commencent. Comment gèrent-elles cette expérience ?
Les banques préviennent rarement
65% des victimes découvrent le pot aux roses en consultant leur relevé de compte. Seules 27% d’entre elles confient avoir été prévenues par leur banque, notamment lorsque les montants deviennent élevés (plus de 1000€ dans 25% des cas), occasionnant généralement des découverts facteurs d’alertes.
Déposer plainte ou pas ?
Si 30% des victimes ne désirent pas se plaindre parce qu’elles estiment que cela sera inutile, plus de la moitié font une déclaration à la police ou la gendarmerie : 46% optent pour un dépôt de plainte, 9% pour une main courante (conseillée dans 50% des cas par la police).
A noter que le dépôt de plainte n’aboutit que dans 3% des cas à l’identification du fraudeur… Et 65% des victimes ayant déposé plainte n’ont aucune nouvelle de la procédure par la suite…
Les banques remboursent !
La bonne nouvelle de cette enquête est que dans la majorité des cas (85%), les victimes ont été remboursées par leur banque du montant total du préjudice, parfois même sans dépôt de plainte préalable (34% des cas) : « L’absence de remboursement par la banque semble généralement la conséquence de l’absence de demande par le ménage« .
Quelques conseils Sécurité
Pour éviter d’être une victime de la fraude bancaire, mieux vaut conserver ses coordonnées de carte bleue en lieu sûr, et utiliser ce moyen de paiement en magasin de façon discrète (code à 4 chiffres). Mais c’est sur Internet qu’il faut de plus en plus être vigilant :
- Détecter les tentatives de phishing par courriel ou par téléphone, et ne pas donner suite.
- Ne pas effectuer de transaction en ligne sur des sites ne proposant pas le HTTPS (souvent illustré par un petit cadenas près de l’URL).
- Privilégier les paiements 3D Secure, qui demandent une confirmation personnalisée. Auquel cas, pensez à actualiser vos données personnelles (numéro de téléphone mobile, date de naissance, etc.) auprès de votre banque, soit via votre espace personnel en ligne, soit en agence.
- Préférer les paiements par carte virtuelle (ex : Virtualis) si votre banque propose ce service : c’est simple, fiable, rapide, et permet même le remboursement. A déconseiller en revanche si vous devez présenter votre carte (ex : location de voiture, achat billet d’avion, etc.).
- N’acheter en ligne qu’à partir d’un ordinateur personnel (et non un ordinateur partagé ou public, comme dans un hôtel ou une bibliothèque par exemple).
- N’effectuer aucun achat sur Internet à partir d’un réseau WiFi mal sécurisé, ou pire, à partir d’un hostpot (gare, restaurant, aéroport, etc.), par définition non-sécurisé ([infographie] Réseaux Wi-Fi publics : amis ou ennemis ?).
- Maintenir à jour tous les logiciels de son ordinateur, et effectuer des scans antivirus réguliers.
Si Internet devient le lieu idéal des fraudeurs, non seulement pour collecter des données bancaires, mais aussi pour effectuer des achats frauduleux, il ne faut cependant pas accuser le web de tous nos maux : il s’agit d’un espace dématérialisé encore récent, et dont tous les utilisateurs ne connaissent pas toujours bien les risques et les codes. La hausse de la fraude bancaire n’est donc pas « la faute à Internet », mais davantage la conséquences d’usages encore trop insouciants. En définitive, prudence (en ligne) est mère de sûreté (bancaire) !
Source: lesechos.fr
Image: Flickr / EP Technology / CC BY-NC-SA 2.0
« Les banques remboursent ! »
Pour information, il faut savoir que la Loi impose aux établissements bancaires de recréditer immédiatement les sommes débitées à distance et contestées par le titulaire d’une carte bancaire (même si ce dernier n’a pas souscrit d’assurance moyens de paiement). De plus, la banque ne doit facturer aucun frais pour cette opération de remboursement, et si ce débit frauduleux a entraîné un découvert, elle ne peut pas facturer d’agios ou doit les annuler s’ils ont déjà été débités.
Cordialement
Ok pour tout sauf pour privilégié les sites de paiement par 3D secure. Ca change rien. Si on se fait pirater la carte bancaire. Ca protège juste les propriétaires de ces sites pour ne pas avoir d’achat frauduleux. Mais si on se fait pirater la carte banacaires, les voleurs n’utiliseront pas ces sites.
Sinon il me semble que la loi va bientôt changer. Comme les fraudes augmentent, les banques ne vont plus vouloir payer longtemps. Et c’est rare que les banques n’obtiennent pas ce qu’elles veulent.